Aidez le papillon monarque, et bien d’autres en passant!
Le papillon monarque est en danger. L’espèce est classée Menacée sur la liste de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) depuis 2022.
En tant que citoyen, vous pouvez faire une différence en implantant leur plante-hôte, les asclépiades indigènes à votre région. Mais il existe d’autres façons de les aider, qui aussi pourraient être nécessaires à leur survie!
Démêlons tout ça afin de mieux gérer nos parterres et nos cours, en plus de mieux communiquer pour aider cette espèce charismatique, dont les efforts de conservation pourraient en aider bien d’autres en passant.
Comprendre les relations plantes-papillons
Il faut d’abord définir une plante-hôte, puisque celles-ci caractérisent énormément de relations plantes-pollinisateurs. Du point de vue des papillons, la société Xerces décrit une plante-hôte comme une source de nourriture et d’habitat pour les chenilles. Pour les monarques, leur plante-hôte est l’asclépiade (Asclepias spp.).
Le papillon monarque est une espèce spécialiste, un terme signifiant que très peu d’espèces de plantes peuvent soutenir la reproduction de ce papillon.
Mais pour aider le monarque, il faut donc augmenter le nombre d’asclépiades. Le déclin de l’asclépiade commune a été observé au Canada et aux États-Unis, et est partiellement responsable pour le déclin fulgurant du papillon monarque.
Le régime alimentaire des papillons
Deux superbes plantes-hôtes pour le papillon monarque
Dans la Forêt acadienne-Wabanaki, nos asclépiades indigènes arborent toutes les deux des fleurs roses. Mais elles sont assez faciles à se faire distinguer l’une de l’autre.
L’asclépiade incarnate est davantage adaptée à nos plus petits jardins. Elle a des fleurs plus éclatantes et reste dans son lieu d’origine, mis à part la dispersion de ses graines aidée par le vent à l’automne. Au contraire, l’asclépiade commune se propage par rhizomes (racines) donc est plus apte là où on n’a pas peur qu’elle domine. Les deux sont appréciées par le monarque pour y pondre ses œufs.
Comme vous voyez, celle de gauche (incarnate) a des feuilles beaucoup plus minces et pointues que l’asclépiade commune, à droite. Il est important de ne pas les tondre pour pouvoir les reconnaître dès leur émergence à la mi-printemps, avant leur floraison.
Favoriser la nourriture jusqu’à leur départ
Si vous voulez aider les monarques encore plus, vous pouvez favoriser certains genres de plantes comme l’aster (Symphyotrichum spp.) et la verge d’or (Solidago spp.). Ces fleurs, qui émergent au printemps du sol mais qui éclosent à partir du mois d’août, donnent une excellente source de nectar aux jeunes papillons qui cherchent de quoi se remplir avant de partir pour le sud. Elles sont dispersées par le vent, donc elles se retrouveront peut-être déjà dans votre jardin. Apprenez à les reconnaître dès leur émergence et les pollinisateurs vous en remercieront.
Voici donc trois problèmes qui affectent les monarques, mais aussi les autres pollinisateurs dans l’est de l’Amérique du Nord. Cette liste n’est pas exhaustive. Faisons notre part pour diminuer notre impact sur leur qualité de vie, afin de les aider à prospérer!
Problème 1 - L’épandage excessif de pesticides dans nos espaces verts
Les pesticides affectent les pollinisateurs de plusieurs façons (cette base de données, en anglais, démontre plusieurs recherches à ce sujet). Lorsqu’ils sont surutilisés, ils contribuent au déclin des pollinisateurs. La société Xerces, dans un article, indique plusieurs voies empruntées par les contaminants pour affecter la santé de nos pollinisateurs, incluant par des moyens directs ou indirects. Il est donc normal de voir des signes de morsures sur vos plantes, surtout si elles sont indigènes.
Prenez une application comme iNaturalist (Seek) pour identifier l’envahisseur présumé, et employez des méthodes de lutte intégrée contre les parasites. Et quand vous achetez des plantes, demandez au vendeur si elles ont été en contact avec des pesticides lors de leur cycle de vie.
Problème 2 - La tonte à grande échelle comme facteur de déclin des monarques
L’article d’avril-mai dernier servait à illustrer les bienfaits d’une faible tonte pour sa cour, pour les pollinisateurs et pour la flore indigène. Depuis, Bee City Canada (Villes amies des abeilles) a sorti un article expliquant les bienfaits de moins tondre.
Un document de la Fédération canadienne pour la faune, lié dans le dernier article, démontre qu’il est important d’identifier les asclépiades et de ne pas les tondre à grande échelle, surtout entre juin et octobre.
Cela montre qu’il est souvent judicieux d’éviter les régimes de tonte trop intensifs dans les prés, pour privilégier la survie des monarques. La situation était déjà critique, mais maintenant que c’est une espèce en danger, faisons notre part pour communiquer cette réalité aux parties concernées.
Problème 3 : La surutilisation des espèces exotiques et envahissantes dans le jardinage
Il est important de considérer la provenance et le degré d’aggressivité d’une plante avant de l’incorporer dans nos paysages. Lorsqu’une plante est exotique et aggressive, elle peut être considérée envahissante.
Les plantes non-indigènes et envahissantes provoquent déjà ce que les scientifiques appellent des « invasions biologiques ». Cette recherche récente démontre que ces invasions coûtent aussi cher à remédier que de nombreux désastres naturels.
La section Ressources liée ci-haut fait la liste des sociétés locales contre les espèces envahissantes par jurisdiction. Consultez leurs listes de plantes avant d’échanger ou même acheter des plantes dont vous ne connaissez pas la provenance. Certaines plantes, surtout celles dont les fruits sont dispersés par les oiseaux, sont toujours vendues dans de nombreuses pépinières.
Le réflexe pollinisateur
De plus en plus de propriétaires de terrain, et de municipalités comme Montréal, adoptent le terme du « réflexe pollinisateur » dans leurs méthodes de gestion. Cela inclut non seulement la gestion différenciée des espaces verts et de nouveaux régimes de tonte plus flexibles, mais aussi l’ajout de plantes surtout indigènes dans les paysages gérés. En mitigeant voire éliminant les plantes envahissantes et en favorisant les plantes avec lesquelles les pollinisateurs ont co-évolué, cela démontre un pas dans la bonne direction.
Pour terminer, nous avons eu la permission de l’artiste Nancy Seiler de traduire cette infographie visant à développer ce réflexe. Pensez comme un pollinisateur et vous en verrez les bienfaits, que ce soit pour le monarque ou tout autre insecte bénéfique!