Une demande spéciale à la rangée de framboises
Alors que je crée le guide «Partager notre nature», destiné à aider les personnes voulant créer leur propre grainothèque dans l'est du Canada, je remarque que de nombreux mouvements se chevauchent et convergent vers une plus grande appréciation de nos plantes indigènes. On commence à reconnaître à quel point elles nourrissent notre faune et notre flore, mais aussi à quel point elles nous permettent de mener notre vie ici. À ce sujet, il existe des principes que nous devrions tous suivre et qui étaient bien connus de nos ancêtres, quelle que soit notre origine. Ils ont été bien présentés par Robin Wall Kimmerer à la page 180 de son livre Braiding Sweetgrass.
Article passés basés sur ces principes :
Troisième principe de la Récolte honorable : Demandez la permission avant de prendre. Respectez la réponse.
Je ne sais pas si c’est parce que nous les avons taillées lorsqu’elles n’avaient encore pas de feuilles, mais on semble avoir un renouveau sans fin en nouvelles framboises dans notre jardin cette année.
On a aussi une famille de tourterelles tristes. Je viens d’apprendre qu’elles aimaient parfois aussi ces baies.
Alors que j'arrache quelques mauvaises herbes en écoutant le chapitre intitulé « Épiphanie dans les haricots » (Epiphany in the Beans), une dispute conjugale se fait entendre à l'arrière-plan, menaçant de dégénérer. Les gens autour de nous nous disent que ce ne sont pas nos affaires.
Un officier en patrouille dans ce même quartier arrive dans le coin et nous parle de la situation des sans-abri, une situation quasi-insoluble, où il mentionne qu'il est souvent trop tard pour faire quoi que ce soit.
Le triste monde de l'abus de drogues dures et de la violence qui en découle a probablement été créé par des années de négligence de la part des systèmes successifs, mais nous ne pouvons pas blâmer un seul facteur pour sa cause. Un peuple itinérant, surtout s'il est moins fortuné, a du mal à se fixer et à s'enraciner.
Le fait est que si une personne décidait de commencer à recoller les morceaux de sa vie, aurait-elle la chance d’avoir un environnement favorable pour réussir ? Un sans-abri m'a dit un jour : « On nous a jetés hors de la forêt, maintenant on nous jette hors de la ville ». Et si nous leur donnions un endroit où se sentir en sécurité ? De se sentir chez eux ?
Les baies vont faner, comme le font chaque année toutes les plantes sauvages. Mais les gens vont continuer à vivre tout au long de l'hiver, s'ils ont de la chance.
J'aime le printemps pour son renouveau et son espoir, mais lorsque l'été approche, j'ai moi-même peine à supporter la chaleur torride. Imaginez que vous soyez obligé de rester dehors, avec la pluie battante et tout ça. L'automne, c'est bien quand l'air est frais, mais les pensées qui me viennent à l'esprit sont aussi assez tièdes. Rien que de penser à tous ceux qui doivent trouver un abri.
En attendant, nous avons les baies pour nous rendre heureux. On ne peut pas nier ça. Une demande spéciale à la rangée de framboises : continuez à être vous-mêmes, et à nous donner un petit goût de rouge dans la chaleur de l'été.
Passez une bonne semaine et n'oubliez pas de demander avant de prendre ! Lorsque vous regardez des plantes pendant la cueillette, vous arrive-t-il souvent de prendre un non comme réponse ?