Les fraises sauvages, premières rougeurs d’été

Alors que je crée le guide "Partager notre nature", destiné à aider les personnes voulant créer leur propre grainothèque dans l'est du Canada, je remarque que de nombreux mouvements se chevauchent et convergent vers une plus grande appréciation de nos plantes indigènes. On commence à reconnaître à quel point elles nourrissent notre faune et notre flore, mais aussi à quel point elles nous permettent de mener notre vie ici. À ce sujet, il existe des principes que nous devrions tous suivre et qui étaient bien connus de nos ancêtres, quelle que soit notre origine. Ils ont été bien présentés par Robin Wall Kimmerer à la page 180 de son livre Braiding Sweetgrass.

Cette chronique hebdomadaire, qui s'étendra jusqu'au mois d'octobre, racontera les histoires que j'ai vécues autour de ces principes, et la manière dont je vois ma propre implication dans ce tournant sociétal.

Ces principes sont évidemment destinés à être vécus, et non à être résolus par des réponses rapides.

Voici le premier volet de la série “La récolte honorable”.

Principe 1 - Apprenez à connaître les manières de celleux qui prennent soin de vous, afin que vous puissiez prendre soin d'elleux.

Je pense qu'il est tout aussi important de savoir comment nos parents nous ont élevés, de connaître nos instructeurs, que de nous connaître nous-mêmes. Cela révèle en quelque sorte davantage nos origines, nos traumas, mais surtout nos expériences vécues.

Mais les enseignants que nous oublions souvent sont les non-humains, ou nos parents plus qu'humains. Les animaux. Les plantes. Les champignons.

Une fraise sauvage. Photo : Unsplash

À la fin de la saison des fraises…

Tout le monde a goûté à des fraises. Les fraises sauvages nous étonnent, parce que personne n'a demandé à les avoir. Elles sont là, en train de vivre leur vie.

Elles nourrissent les abeilles au début du printemps et les mammifères et les oiseaux au début de l'été.

Une fraise sauvage en mai.

Tout le monde se souvient du temps de son enfance où l'on voyait de petits points rouges sous ses pieds : la surprise de juin. Dans les champs et les gazons de juillet, ils commencent à disparaître, car les animaux sauvages les mangent, les gens les tondent ou les piétinent, ou encore les champignons les décomposent.

Il est aussi possible de les considérer comme un cadeau de la Nature à nous.

Kimmerer leur consacre un chapitre entier dans son livre (p. 25), une section intitulée The Gift of Strawberries (Le cadeau des fraises).

« Les dons de la terre ou les dons mutuels établissent une relation particulière, une sorte d’obligation de donner, de recevoir et de rendre au suivant. Le champ nous a donné, nous avons donné à mon père, et nous avons essayé de redonner aux fraises »
— Robin Wall Kimmerer

Pour les aider, elle voyait les stolons, les pousses que les fraises envoyaient pour enraciner de nouvelles plantes, et elle désherbait les plantes autour des petites racines qu'elles créaient.

Une dame de Nouvelle-Écosse que je connais, véritable amoureuse des plantes indigènes, m'a donné l'idée de créer un slogan "Save the Wild Strawberry" (Sauvez la fraise sauvage) sur un t-shirt.

Je l'ai écrit sur moi-même et je le porte en ville. Avec " Ask me how ! " (Demandez-moi comment) au dos, je recueille des commentaires, des questions et des fraises. Je veux aussi, par ces réponses que je donne, faire de l'espace pour ces discussions dans notre vie de tous les jours.

Parce que les plantes ne sont pas seulement les meilleurs donatrices, elles sont aussi les meilleurs instructrices. Elles prennent soin de nous, alors nous devons prendre soin d'elles.

Passez une bonne semaine et n'oubliez pas de demander avant de prendre ! Dans votre vie, comment exprimez-vous votre gratitude envers ceux qui prennent soin de vous ?

Note : Ne mangez pas les fruits des pelouses des étrangers. On ne sait jamais ce qu’ils ont vécu.

Samuel LeGresley

Samuel est communicateur, motion designer depuis un jeune âge et activiste à ses heures. Il a grandi dans la Forêt acadienne en territoire non-cédé Mi’kmaq. Il a commencé à découvrir et identifier les plantes qui y poussent il y a quelques années. Il aime la musique, les livres et, bien sûr, les longues marches en forêt.

https://samlegresley.com
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