Viabilité et dormance: vos semences sont-elles vivantes, ou mortes?

En jardinage écologique, on pourrait croire qu’il faut commencer ses semis à la fin de l’hiver. C’est souvent le cas pour les légumes de jardin. Mais pour les plantes indigènes, il est facile de tomber dans le piège de commander ou planter ses graines trop tard.

En parlant de trois traits communs aux graines qui ne sont pas créées pour la culture, ce dernier article sur les semences nous fera voir pourquoi il faut toujours commencer au bon temps et de la bonne façon à penser à ses vivaces de l’an prochain. Nous finirons le tout par une petite liste de choses à faire pour assurer le plus grand succès possible de ses plantes.

Des plantes indigènes à la forêt acadienne-Wabanaki, germées grâce à la simulation des conditions extérieures.

Photo : Sam Jean

La nature fonctionne différemment par elle-même que dans nos jardins!

On a probablement appris à planter des fèves dès le moment qu’on veut qu’elles germent, peut-être deux dans le même trou au cas qu’une d’entre elles ne fonctionne pas. Et de l’enterrer un peu!

Mais pour la plupart de nos plantes indigènes, ces trois pensées ne sont que trop peu avérées. Dans le cas des fleurs sauvages cela peut mener à du gaspillage et faire passer ou casser votre saison de croissance.

Consultez n’importe quel site de semences indigènes et vous verrez les processus de traitement des graines avant la germination. Décortiquons ces mécanismes ensemble grâce à la science. Voici trois étapes pour comprendre les mécanismes uniques des graines qu’elles ont évolué pour vivre avec la réalité de nos saisons.

1. Des graines qui dorment

Quels sont les deux types de dormance des graines?

D’abord, parlons de pourquoi vous n’allez peut-être pas avoir vos premières germinations dès la plantation, comme pour les fèves de jardin : les graines dorment.

De 50 à 90 % des espèces de plantes sauvages dans le monde produisent des graines qui sont dormantes à maturité, les caractéristiques spécifiques de la dormance dépendant de la géographie de l'espèce, de sa forme de croissance et de facteurs génétiques. (Source, traduction libre)

Simplement dit, les traits de caractère comme la dormance sont des mécanismes qui font en sorte que la graine ne germinera pas même si elle est considérée mature.

Deux grandes catégories en termes de dormance des graines incluent:

La dormance physique : une couche de matériau dure et hermétique qui empêche la germination sans traitement particulier.

La dormance physiologique : un embryon végétal qui, même si la graine paraît mature, est encore prématuré et n’est pas prêt à sortir, en raison d’hormones spéciales qui préviennent sa croissance.

(Source)

Ces conditions peuvent se combiner et donner un processus quand même assez long!

Iris versicolore (Iris versicolor)

Dans le cas de l’Iris versicolore, elle connaît les deux types de dormance (Physique et physiologique).

Des études ont démontré que plusieurs types de traitement, comme la stratification et la scarification, pourraient aider à hausser le pourcentage de germination de cette plante. (Source)

2. Les conditions de germination

Briser la dormance… mais comment?

D’accord, c’est plus compliqué que les graines qu’on utilise dans nos jardins. Mais telle est la nature! La prochaine étape est de mimer les cycles de la nature en la simulant ou en utilisant les éléments à notre avantage.

On vous a lancé deux mots qui font un peu peur dans cet encadré : stratification et scarification. Définissons-les.

Simplement dite, la stratification (du latin pour strate) est l’usage de la température, de l’humidité et du temps pour briser la dormance physiologique et stimuler l’embryon d’une graine à pousser. La période de temps peut varier entre quelques semaines et quelques années! Il peut y avoir plusieurs cycles de chaud et de froid. Souvent, on parle même de lumière. Voilà pourquoi il faut semer beaucoup de semences à la surface, contrairement aux fameuses fèves du jardin.

Dans l’autre spectre, on parle de la scarification (du latin pour inciser), où on utilise les différents éléments pour briser la dormance physique d’une graine, donc sa coquille. Ces éléments peuvent être le feu, le trempage dans l’eau, un matériau abrasif ou même l’utilisation d’acide comme celui dans les estomacs des animaux!

Puisque la scarification n’est pas dépendante du temps, plusieurs fournisseurs de semences envoient certaines graines pré-scarifiées. Pour certaines espèces, on n’aurait besoin alors que de la chaleur et de l’humidité. Certaines graines sont aussi stratifiées d’avance, mais leur durée de vie est comptée puisqu’elles doivent rester humides! (Source)

Aussi, plusieurs plantes auront besoin de lumière pour germer. Voilà pourquoi il faudra souvent semer à la surface et apposer un vieux moustiquaire ou un filet de métal pour éviter que les animaux prennent vos graines pour des collations.

Mais comment faire pour hausser le taux de germination?

On se pose la question parce que les graines peuvent être dures à trouver. Certaines sont déjà prêtes à germer, mais elles sont rares… et mèneront à un gaspillage sans traitement particulier. Il existe plusieurs techniques, et maintenant que vous savez quoi chercher, vous pouvez utiliser votre imagination.

Mais plus facilement, voici l’une des techniques avérées, une liste qui nous vient d’une grainothèque d’Ottawa. C’est leur méthode préférée pour faire pousser la plupart de nos graines faciles à germer.

3. Tester la viabilité

Vos graines sont-elles mortes ou vivantes?

Il faut ensuite réaliser que toutes vos semences ne seront pas nécessairement viables! Dans toute population donnée, un taux de germination de 100 % est pratiquement impossible. Souvent, contrairement aux fèves, le taux de germination serait même sous 50 %.

Dans nos têtes, il est toutefois possible de faire la conclusion hâtive que la germination équivaut à la viabilité, puisque c’est très visible comme signe. Mais il existe des tests pour réellement déterminer la viabilité dans plusieurs des cas, sans gaspiller ou jeter des graines. (Source)

  • Les graines sont vivantes et ont une durée de vie. Mais certaines semences sont vides, tout simplement, et d’autres ont l’air pleines mais n’ont pas d’embryon. Un test de coupe avec un couteau aiguisé, plus facile avec la taille de la semence, permet d’arriver à cette conclusion.

Graines de frêne

Il existe aussi des générateurs de rayons X qui permettent de conclure la viabilité en voyant l’endosperme, parfois même l’embryon, en blanc.

Cette machine à rayons X du gouvernement fédéral est une option pour déterminer la viabilité des semences, mais elle dépasse le budget d’une seule personne ou d’un petit groupe.

  • Mais pour des petites semences dispersées par le vent comme celles de la famille des Asteracées (Asters, verges d’or, Eupatoires, etc.), il est presqu’impossible de faire des tests de coupe efficacement à moins d’être doté d’un microscope. C’est pourquoi le meilleur test est le test de germination.

La clé pour hausser le taux de germination est le désir d’expérimenter et la persévérance. Si vous avez ces deux traits de caractère, vous êtes bien parti.e.s, mais il est possible de les développer aussi avec un peu de volonté!

Gens de Moncton et environs!

J’ai décidé d’établir une grainothèque (Bibliothèque de semences) dans ma ville.

Si vous avez des semences de plantes indigènes à donner avant le 1er janvier 2024, je suis partant à les recevoir pour les distribuer à la communauté!

Visitez ce site pour en apprendre plus.

Samuel LeGresley

Samuel est communicateur, motion designer depuis un jeune âge et activiste à ses heures. Il a grandi dans la Forêt acadienne en territoire non-cédé Mi’kmaq. Il a commencé à découvrir et identifier les plantes qui y poussent il y a quelques années. Il aime la musique, les livres et, bien sûr, les longues marches en forêt.

https://samlegresley.com
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